Des chercheurs identifient une protéine associée au plus fréquent trouble du mouvement

Une équipe de l’Université Laval et du CHU de Québec vient d’identifier une protéine présente en surabondance dans le cerveau des personnes atteintes de tremblement essentiel, un trouble du mouvement qui affecte 4% de la population adulte.

Cette découverte, dont les détails sont publiés dans le dernier numéro de la revue Movement Disorders, permet d’espérer l’élaboration d’un traitement efficace contre cette maladie neurologique dix fois plus fréquente que le parkinson. Comme son nom l’indique, cette maladie provoque des tremblements dans différentes parties du corps, le plus souvent les bras, la tête et les cordes vocales. Elle se manifeste surtout après 50 ans, mais il arrive que des cas apparaissent dès l'enfance.

Plus de 10 millions d'Américains souffriraient de cette maladie dont la cause exacte demeure encore inconnue. «Même s’il ne s’agit pas d’une maladie dégénérative mortelle, le tremblement essentiel est tout de même un problème très incommodant pour les personnes qui en souffrent parce que les gestes simples de la vie quotidienne peuvent devenir extrêmement difficiles à exécuter», note le responsable de l’étude et professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université Laval, Frédéric Calon.

Le professeur Calon et ses collaborateurs ont eu recours à une banque de cerveaux constituée il y a plus de 40 ans par le professeur Ali Rajput de l'Université de la Saskatchewan pour tester l'hypothèse voulant que certaines protéines du cerveau soient surexprimées chez les personnes souffrant de tremblement essentiel. Les chercheurs ont concentré leur attention sur deux protéines, appelées LINGO1 et LINGO2, qui, selon certaines études génétiques, pouvaient être liées à ce trouble du mouvement. Ils ont déterminé les concentrations de ces protéines dans le cervelet de 9 sujets atteints de tremblement essentiel, de 10 sujets parkinsoniens et de 16 sujets sains. Leurs analyses révèlent que la concentration de LINGO1 est deux fois plus élevée dans le cortex du cervelet des personnes qui avaient souffert de tremblement essentiel que dans celui des sujets sains. Cette surexpression est plus prononcée chez les personnes qui ont vécu plus de 20 ans avec ce trouble. Ces différences ne sont pas observées chez les sujets parkinsoniens.

«D'autres études ont montré que LINGO1 freine la régénération neuronale après des dommages au cerveau ou à la moelle épinière, signale Frédéric Calon, qui est aussi rattaché au Centre de recherche du CHU de Québec. Nous pensons donc que l'inhibition de cette protéine est une avenue thérapeutique à explorer pour le tremblement essentiel. Les médicaments présentement prescrits aux personnes atteintes de ce trouble neurologique ont été mis au point il y a une trentaine d'années et leur efficacité est limitée.»

Outre Frédéric Calon, les coauteurs de l’étude sont Charlotte Delay, Cyntia Tremblay, Élodie Brochu, Sarah Paris-Robidas, Vincent Émondet, Ali Rajput et Alex Rajput.

Sources: Université Laval et CHU de Québec